Après l’aspect sanitaire de la crise du coronavirus, c’est le secteur économique qui se retrouve en grande difficulté à cause de la crise et du confinement. Nous vous proposons aujourd’hui d’analyser la situation et d’envisager un développement possible des événements.
Comprendre la situation actuelle
Nous entendons beaucoup parler ces derniers jours de la crise économique liée à la crise sanitaire du Coronavirus. Quand on entend crise économique, on peut avoir tendance à penser à la crise des subprimes de 2008. Attention, car la situation est bien différente.
Une crise économique plus que financière
La crise de 2008 est une crise qui a été initiée par les marchés financiers. Les banques étasuniennes, spéculant sur la hausse infinie des prix de l’immobilier et faisant supporter une partie du risque aux marchés financiers grâce au mécanisme de titrisation, avaient déclenché une crise financière et mis plusieurs banques au bord de la faillite. Plus d’informations sur cette vidéo d’Heu?reka. C’est la situation des banques qui avait par la suite entraîné le secteur économique dans la crise.
Aujourd’hui, la situation est complètement différente et la source de la crise vient directement du secteur économique. Du fait du confinement, c’est toute une partie de l’économie qui est en suspens. On achète seulement le nécessaire et de nombreuses entreprises ne produisent plus. Les entreprises à l’arrêt ne peuvent donc plus vendre mais conservent leurs charges fixes (salaires, loyers, encours bancaires …).
Les secteurs les plus touchés sont d’abord les activités de loisirs (cinémas, escapes games, salles de concerts…), la restauration, les bars, le secteurs du tourisme et de l’hôtellerie et certains commerces, en particulier ceux qui subissent la concurrence du commerce en ligne (librairies, magasins d’habillement…).
Viennent ensuite les commerces qui sont moins sujets à la concurrence en ligne (vente de vélos, électroménager…) dont on peut espérer que les clients reporteront leurs achats à la fin du confinement.
De leur côté, les indépendants et entrepreneurs qui ont pu conserver une bonne partie de leur activité en télétravail sont touchés moins directement : architectes, graphistes… Leur activité est souvent ralentie et le risque ici concerne plus la faillite ou au minimum, les difficultés financières de leurs clients qui pourraient les amener à repousser leurs commandes.
Enfin le secteur alimentaire est touché différemment par la crise : les volumes de commandes ont eu tendance à augmenter. Le temps libéré par le confinement permet au consommateur de cuisiner plus souvent et le budget économisé sur les activités impossibles en temps de confinement permet aux foyers de consommer de la nourriture de meilleure qualité en consommant bien souvent au sein des circuits-courts. Par ailleurs, l’agriculture industrielle se trouve en difficulté avec l’impossibilité d’accéder à de la main d’œuvre étrangère bon marché.
L’agriculture locale et les circuits-courts prouvent leur bien plus grande résilience par rapport à l’agriculture industrielle
Attention, les entreprises sont touchées de manières différentes mais elles sont toutes touchées. Il paraît primordial de réussir à soutenir nos entreprises locales afin d’éviter qu’elles ne ferment. Maintenant plus que jamais, le LIEN est un outil de soutien à l’économie locale nécessaire pour aider l’écosystème économique local à surmonter la crise.
Le LIEN vous permettra d’orienter vos dépenses vers l’économie locale en vous assurant que la monnaie restera au sein du réseau économique local.
La crise financière qui vient
Même si nous voyons bien que le monde de la finance n’est pas à l’origine de cette crise, il en subit pleinement les conséquences. En effet, le ralentissement globalisé des économies fait vaciller les marchés financiers. Les raisons de cet effondrement sont nombreuses (baisse de l’activité économique, baisse des cours du pétrole, inquiétudes des marchés…) mais nous ne les discuterons pas en profondeur aujourd’hui.
Nous vous laissons simplement constater ci-dessous l’évolution du CAC 40 depuis 1 an :
Nous allons plutôt parler ici des conséquences possibles de cette situation.
Dans un premier temps, ce sont les banques qui risquent d’être impactées par cette crise, de deux manières :
1/ Tout d’abord sur leur activité commerciale (dépôt et crédits), le risque de défaut de paiement de leurs clients emprunteurs ainsi que le rallongement des délais de paiement risquent de mettre en difficultés les banques.
2/ Par ailleurs, les banques d’investissement qui avaient placé une partie de leur capital en bourse ont vu la valeur globale de leurs actifs baisser, puisque les grandes bourses mondiales ont perdu environ 30% de leur valeur depuis le début de l’année.
Quatre des plus grandes banques françaises (BPCE, Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale) sont dites « systémiques », c’est à dire qu’on estime que leur mise en difficulté ferait peser un risque sur l’intégralité du système financier national. Ces quatre banques cumulent en outre activités commerciales et activités d’investissement et sont donc mises en difficulté de toutes parts.
La crise financière, un second coup pour l’économie ?
Comment une crise financière, qui n’impacte concrètement que les banquiers et les investisseurs (qui jouent leur capital en connaissant les risques auxquels ils s’exposent), peut-elle impacter l’économie réelle des petites et moyennes entreprises?
Le principale manière dont une crise financière impacte l’économie réelle passe par la difficulté d’accès au crédit. En effet, les banques, fragilisées par leurs difficultés financières, sont fébriles et durcissent les conditions d’accès au crédit, en particulier dans un contexte où la plupart des entreprises se trouvent en difficulté financière suite à la crise du coronavirus et au confinement.
Or, dans notre économie, environ 85% de la monnaie qui circule est mise en circulation par le crédit, c’est donc le manque de liquidité qui paralyse les échanges, faute de monnaie.
Dans ce contexte particulier, le LIEN, sous sa forme actuelle, ne permettrait pas de compenser le manque de liquidité. Il est donc l’heure de travailler à des alternatives monétaires déconnectées de l’Euro. Le Crédit mutualisé, les monnaies temps sont des exemples d’outils monétaires qui pourraient nous permettre d’atténuer une crise de ce genre !
Yann Petroff
ÉDIT : Le 19 mars, la Banque Centrale Européenne (BCE) a décidé de faire tourner la planche à billet et de racheter la dette des États européens à hauteur de 750 milliards d’Euros. Cette réponse devrait permettre d’éviter la crise de liquidité mentionnée ci-dessus en permettant de stabiliser les banques et donc de limiter la hausse des taux pour l’accès au crédit. Affaire à suivre !