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Bonjour, ce mois-ci nous avons rencontré Marine, qui s’occupe de la coordination du Réfectoire, cantine de quartier située en bas du quartier du Crêt-de-Roch. Après déjà 8 ans d’existence, le projet de cantine est justement en train d’évoluer, c’est l’occasion d’en savoir plus !

Bonjour Marine et merci de me recevoir ! Pour commencer cette entrevue, j’aimerais en savoir plus sur ton parcours : comment as-tu été amenée à travailler au Réfectoire ?

Bonjour ! Alors pour commencer : j’ai 33 ans, et j’ai une formation de travailleur social, conseillère en économie sociale et familiale. J’ai travaillé pendant 10 ans dans des structures différentes, avec des publics variés : adultes handicapés, familles, femmes victimes de violences, demandeurs d’asile… J’ai eu mon diplôme jeune, à 20 ans, c’est pourquoi je n’avais pas envie de m’enfermer dans un travail avec un public spécifique.

C’est ensuite au fil de mes activités bénévoles personnelles que j’ai pris le goût de la cuisine. J’ai fait du catering pour plusieurs festivals dans la région : les guinguettes de la Manufacture, Kinoctambule, les Arts du Forez, le Col des 1000 (Isère), et aussi des plus petits événements à Ursa Minor. La cuisine me plaisait énormément et le milieu associatif m’a permis de découvrir une autre manière de concevoir le lien social, de faire des rencontres… Cela m’a ouvert une fenêtre. Je me suis dit pourquoi pas bifurquer vers la cuisine, mais je ne savais pas comment. Et il y a 5 ans, j’ai eu l’occasion de faire un remplacement au café associatif le Remue-Méninges. Cela m’a confortée dans l’envie de faire de la cuisine. J’ai ensuite travaillé pour le Fablabouffe, devenu depuis la Fabuleuse Cantine.

J’ai ensuite pris un temps pour moi et suis partie en voyage pendant plusieurs mois en camion, dans les Balkans. C’est une région très riche d’un point de vue de la cuisine ! Lorsque je suis rentrée de voyage j’ai retravaillé dans le social. J’ai aussi repris mes engagements bénévoles autour de la cuisine : j’ai fait le tour de plusieurs initiatives à Lyon comme les Petites Cantines, Récup et Gamelles et Légum’au Logis.

A ce moment-là j’avais déjà entendu parler du Réfectoire mais je n’y étais pas allée depuis longtemps. Et c’est là que j’ai vu passer l’offre pour être chargée de développement au Réfectoire. Je ne pouvais pas rêver mieux ! La fiche de poste collait parfaitement avec ce que je voulais faire. Les membres de l’association m’ont reçue, et ça a collé !

Tu as donc trouvé chaussure à ton pied ! Peux-tu m’expliquer en quoi consiste ton travail au Réfectoire ? Et déjà, qu’est-ce que le Réfectoire ?

Le Réfectoire a été pensé au départ pour créer un lieu de partage dans le quartier du Crêt-de-Roch, un lieu où l’on puisse venir librement pour manger le midi, faire réchauffer son repas, sur le principe d’une salle « hors sacs ». L’idée était déjà la rencontre, permettre aux personnes de ne pas manger seules. Petit à petit, avec la possibilité d’avoir des contrats aidés, s’est développée l’idée d’avoir une personne salariée pour proposer une petite restauration. Il y avait alors une volonté de s’ouvrir plus sur le quartier. Ça a bien pris, et depuis le Réfectoire a toujours une personne salariée.

L’idée est d’utiliser la cuisine et le temps du repas comme support à la rencontre. En venant cuisiner et/ou manger, on crée du lien entre différentes personnes, on partage des recettes, des idées…

Plusieurs modèles ont été testés depuis la création en 2011 : le fait que des associations puissent venir cuisiner, ouvrir le Réfectoire à des gens qui souhaitaient tester des projets, un peu comme un lieu test, etc. Aujourd’hui, le projet est d’ouvrir encore plus sur l’extérieur, en essayant de toucher d’autres publics, d’avoir plus de mixité. L’idée est d’utiliser la cuisine et le temps du repas comme support à la rencontre. En venant cuisiner et/ou manger, on crée du lien entre différentes personnes, on partage des recettes, des idées… Chacun.e peut ainsi proposer ses spécialités, et faire découvrir aux autres des traditions culinaires de toutes les régions du monde.

Concrètement, on peut venir manger les midis du mardi au vendredi, et venir cuisiner les mardi et jeudi matins, à partir de 9h30, sur inscription [contacter directement Marine par téléphone ou mail]. Pour que l’on ne se marche pas sur les pieds quand on cuisine c’est mieux pour moi de pouvoir anticiper !

Pour finir sur le Réfectoire, il est important de préciser que nous avons mis en place les repas à « prix libre ». J’avais des doutes au départ, mais après quelques mois je peux dire que cela fonctionne très bien ! Le prix libre permet à des personnes qui ne pourraient pas ou viendraient mois souvent de venir manger des repas complets et sains. Celles-ci décident de la somme qu’elles veulent/peuvent mettre, et si besoin se voient indiquer un « prix d’équilibre » pour avoir un ordre d’idée du coût moyen d’un repas (celui-ci est de 8€).

Merci pour toutes ces informations ! Le Réfectoire est partenaire du LIEN depuis ses débuts. Peux-tu nous en dire plus sur les raisons pour lesquelles le Réfectoire accepte les LIENS ?

Effectivement nous sommes adhérents du LIEN depuis longtemps, notamment du fait que l’on partage des locaux en commun. Cela a permis de créer un « lien » fort entre nos associations, en ayant une bonne connaissance de nos projets respectifs et des valeurs communes que nous portons. Le LIEN vise à construire une autre société, qui s’appuie sur plus de solidarité, plus d’attention à l’environnement, valeurs que nous essayons aussi de mettre en place au Réfectoire.

Les Liens c’est aussi proposer […] une expérience différente dans la façon de payer. Beaucoup de gens […] ne savent pas que l’on peut avoir une autre monnaie que l’Euro. Cela entraîne alors une discussion […] Ça n’arriverait pas dans un commerce où on paie en Euros !

Le fait d’accepter les Liens c’est aussi proposer une alternative au fonctionnement classique avec l’Euro, de proposer une expérience différente dans la façon de payer. Beaucoup de gens, au moment de venir payer, voient des Liens et ne connaissent pas. Ils sont étonnés : « On peut payer avec ça ? », et ne savent pas que l’on peut avoir une autre monnaie que l’Euro. Cela entraîne alors une discussion : je leur explique, on échange… Ça n’arriverait pas dans un commerce où on paie en Euros !

La qualité des produits est très importante, c’est ce qui fait que ce sera bon dans l’assiette, mais aussi bon pour le producteur, bon pour la planète, bon pour la santé !

Ce qui me plaît également c’est l’idée de se remettre dans une dynamique locale : lorsque je reçois des Liens, je les utilise ensuite pour faire les courses permettant de préparer les repas du Réfectoire. Les Liens sont ainsi réinjectés dans le tissu local ! Utiliser les Liens est donc un engagement à contribuer au développement des commerces locaux. C’est logique avec la démarche du Réfectoire : développer une cantine de quartier, c’est beaucoup de réflexions sur la question de l’approvisionnement, « qu’est-ce qu’on met dans l’assiette ». Les fruits et légumes cuisinés sont a minima locaux, et si possible bio ou agriculture raisonnée ou en conversion vers du bio. Nous ne passons pas par des grossistes : la qualité des produits est très importante, c’est ce qui fait que ce sera bon dans l’assiette, mais aussi bon pour le producteur, bon pour la planète, bon pour la santé ! Se fournir avec des produits de qualité c’est toute une organisation, je me sers à beaucoup d’endroits différents (marché Albert Thomas, Au Terroir, Vrac en Vert, Biocoop…) ; et j’essaie d’acheter le maximum en vrac. Je suis donc constamment en train d’ajuster, d’essayer de trouver une organisation optimale pour gagner du temps.

Effectivement c’est toute une organisation ! Je vois qu’il y a une démarche assez poussée sur la question de l’approvisionnement. Je crois savoir qu’en plus de cela vous avez mis en place d’autres démarches écologiques ?

Oui tout à fait, on prend nos produits ménagers écologiques en vrac (liquide vaisselle, lave-main…), on fait notre compost, et on ne jette pas les restes. On se débrouille pour réutiliser avec des recettes comme le pesto aux fanes de carottes, le pudding avec le pain sec… J’ai eu l’occasion de travailler pour des grands traiteurs et cela m’a dégoûtée de voir tout ce qu’on jetait… La nourriture n’avait plus de sens, c’était un produit sans valeur.

Pour finir cet entretien, j’ai appris que vous aviez une grosse actualité en ce moment : le projet « Petite Cantine ». Peux-tu nous en dire plus ?

On s’est rendu.es compte depuis que l’on a mis en place ce modèle de cuisine participative qu’il y a une réelle demande des habitant.es de participer à la cuisine. […] Nous avons donc pris la décision de lancer la création d’un nouveau projet qui prendrait le relai du Réfectoire : une Petite Cantine.

On s’est rendu.es compte depuis que l’on a mis en place ce modèle de cuisine participative qu’il y a une réelle envie, une demande des habitant.es de participer à la cuisine. On a vu un vrai engouement, et de plus en plus de monde vient cuisiner et partager le repas. Or l’espace actuel du Réfectoire et l’organisation de l’association ont leurs limites pour porter ce projet avec tout le potentiel qu’il peut avoir.

Nous avons donc pris la décision de lancer la création d’un nouveau projet qui prendrait le relai du Réfectoire : une Petite Cantine. L’association porteuse des Petites Cantines existe déjà depuis plusieurs années et a permis d’ouvrir des cantines de quartier à Lyon, Lille, Strasbourg… Ce réseau nous permettrait d’avoir un appui pour monter le projet à Saint-Étienne.

La prochaine réunion d’infos aura lieu le mardi 3 décembre, à 18h30 au Réfectoire. Toutes les idées et les énergies sont les bienvenues ! [Pour plus de détails, ne pas hésiter à passer au Réfectoire ou à contacter l’association à contact@rdd-asso.fr]. La première réunion du 13 novembre a déjà fait émerger plein d’idées et d’envies, cela annonce une belle aventure collective, qui reste à construire !

Plus d’infos :

Le Réfectoire – cantine de quartier

15 rue Robert
42000 Saint-Étienne

Venir manger : du mardi au vendredi, 12h à 14h / repas à prix libre / possibilité d’apporter son repas
Venir cuisiner : les mardi et jeudi, à partir de 9h30

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